Date de publication : 4 juillet 2023

En juin, les marchés d’actions internationaux ont atteint de nouveaux sommets avant de se tasser en fin de mois. Ce repli s’explique probablement par une succession de motifs techniques. Tout d’abord, les entreprises doivent suspendre leurs rachats d’actions avant les publications trimestrielles ayant lieu en juillet, réduisant d’autant les flux acheteurs. Par ailleurs, certains fonds détenant des actions et des obligations doivent régulièrement rééquilibrer leurs allocations d’actifs, notamment si l’une des deux classes d’actifs progresse beaucoup plus que l’autre. Enfin, le rendement désormais élevé des obligations offre une alternative crédible aux actions avant l’été, sachant que ces dernières ont déjà bien progressé en 2023. Notre conviction qu’un cycle de long terme d’investissement par les Etats et entreprises explique notre maintien d’une surpondération sur les actions.

En ce début d’année, la performance des obligations reste modeste, et elle ne s’explique que par les coupons versés, puisque les rendements des obligations se sont encore tendus depuis la fin d’année. Les investisseurs doutent encore du niveau terminal des taux directeurs des Banques centrales, et surtout de la durée à venir de maintien des taux directeurs à ces niveaux élevés : ceci explique la forte volatilité persistante des prix des obligations. Pour autant, les obligations ont démontré à plusieurs reprises, notamment lors de la crise bancaire américaine, que cette classe d’actifs est utile dans une allocation diversifiée pour compenser les aléas des actifs réputés « risqués ». Parce que le contexte économique est plutôt résilient, et avec une inflation encore forte, les obligations d’entreprises nous semblent devoir être privilégiées par rapport aux obligations souveraines.

Les obligations d’entreprises affichent une performance supérieure à celle des États en ce début d’année, et cette dynamique pourrait se prolonger durant les prochains mois. En effet, le cycle économique, bien que ralentissant, reste assez résilient, réduisant d’autant le risque de défauts de paiements par les entreprises. De plus, les publications de résultats trimestriels ont généralement confirmé la bonne santé financière de la plupart de ces groupes, et la grande vague de remboursement des obligations contractées durant la COVID est plutôt attendue pour 2025 : le stress financier reste donc modéré, même pour les entreprises fragiles (i.e obligations « high yield »). L’équilibre rendement-risque nous semble justifier alors de rester surpondérés sur les obligations d’entreprises, en privilégiant toutefois plutôt les entreprises solides.

L’appréciation de l’Euro face à la plupart des grandes devises a plutôt repris en juin. La parité entre l’Euro et le Dollar est de nouveau influencée par les dynamiques respectives de hausse de taux directeurs transatlantique : la BCE devant relever plus longtemps ses taux que la FED, le Dollar s’affaiblit en relatif. Pour ce qui est du Yen japonais, l’obstiné statu quo de la BoJ sur sa politique monétaire a entretenu son recul, avec pour contrepartie favorable d’améliorer d’autant la compétitivité des entreprises japonaises. Le Yuan chinois décroche car, la croissance du pays étant décevante, les investisseurs anticipent désormais que la BoC devra encore assouplir sa politique monétaire durant les prochains mois. Pour les résultats des entreprises, comme pour les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant aux impacts des devises, car cela affecte fortement les performances.

La performance des matières premières est très dispersée en 2023. Rappelons toutefois que ces mouvements font suite à une année 2022 qui avait été particulièrement favorable aux ressources naturelles. L’énergie et, dans une moindre mesure, les métaux industriels, sont pénalisés par la croissance économique chinoise bien moins forte que ne l’espéraient initialement les investisseurs. Les métaux précieux profitent pour leur part du recul du Dollar depuis l’automne dernier, mais aussi, dans le cas spécifique de l’or, des achats de diversification de leurs Bilans effectués par de nombreuses Banques centrales. Le repli des cours des denrées alimentaires devrait soulager les populations de nombreux pays émergents. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

Les actifs des pays émergents continuent de sous-performer leurs homologues des pays développés. Le poids de la Chine dans les indices d’actions émergentes explique ce retard : la croissance économique chinoise est moins forte qu’attendu après la réouverture sanitaire du pays, et beaucoup d’investisseurs internationaux se méfient des éventuelles décisions « anti-business » par les dirigeants du pays. De plus, le cycle économique mondial se tassant, les investisseurs sont réticents à s’exposer à des actions plutôt cycliques et dont la liquidité boursière n’est pas optimale. Enfin, les devises émergentes reculent de nouveau face au Dollar, ce qui n’encourage pas à s’exposer à ces zones. A ce stade, nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition indirecte aux émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.

Vue des actifs – l’Eclaireur de juillet 2023

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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