
Le mois de mai a été caractérisé par une pause sur les actions. Après des mois de progressions spectaculaires et des performances avoisinant souvent les +10 à +15% selon les pays en 2021, certains investisseurs ont préféré prendre des bénéfices avant l’été. En dépit de ces quelques flux vendeurs, les marchés affichent une résistance impressionnante, les replis étant très brefs et peu prononcés. Les fondamentaux macroéconomiques, mais aussi les résultats et perspectives affichés par les entreprises lors de leurs publications trimestrielles, confortent plutôt les vues optimistes, même si les valorisations sont exigeantes. La surperformance des secteurs cycliques commence à s’estomper, avec un certain retour des valeurs de croissance ou des secteurs défensifs, signe d’une certaine maturité de ce cycle haussier. Nous restons surpondérés sur les actions.

Depuis le début d’année, les rendements des obligations souveraines se sont significativement tendus un peu partout dans le monde, mais l’ampleur et le rythme ne sont pas toujours synchronisés selon les zones. Les investisseurs font généralement remonter les rendements durant la phase d’accélération des vaccinations, puis marquent une pause lorsque le déconfinement est réellement acté. L’inquiétude quant à une possible inflation plus forte et plus durable à l’avenir persiste, mais les anticipations futures commencent à diminuer un peu : le message passé par les Banques centrales d’une inflation plutôt temporaire semble convaincre les investisseurs. Le pic d’inflation américain, attendu d’ici à la fin du second trimestre, incite à une certaine prudence persistante sur les actifs obligataires. Nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.

Les rendements des obligations d’entreprises restent sous l’influence déterminante des obligations souveraines. En mai, les obligations souveraines ont vu leurs rendements se détendre, ce qui a profité par ricochet aux obligations d’entreprises. Il faut toutefois souligner que les obligations d’entreprises fragiles (i.e. le « High Yield ») ont connu des séances beaucoup plus saccadées que leurs consœurs solides (i.e. l’ « Investment Grade »), signe que les investisseurs sont probablement plus prudents sur ce segment obligataire à l’approche de l’été et du pic d’inflation attendu sur un an glissant. La reprise à venir nous paraissant solide, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, mais restons à l’écart du « High Yield », les défauts de paiements ou faillites ne pouvant être exclus dans la phase de réouverture des économies.

Depuis le début d’année, les variations du Dollar face aux principales devises étrangères ont été importantes. En début d’année, les investisseurs ont été pris à contrepied par de fortes anticipations d’inflation aux États-Unis, incitant à penser que la FED pourrait être amenée à relever plus tôt que prévu ses taux directeurs. Depuis deux mois, la dynamique semble à son tour plus forte en Europe, avec la perspective d’une réouverture à venir des économies, profitant en relatif à l’Euro face au Dollar. Durant la fin d’année 2021, la question de l’ampleur des levées de capitaux à effectuer aux États-Unis et de leur accueil favorable ou non par les investisseurs non-résidents aura certainement une forte influence sur l’évolution des parités relatives entre devises internationales. Nous conservons une vue plutôt prudente à ce stade à l’égard du Dollar.

Le mois de mai a été caractérisé, sur les matières premières, par un comportement inverse à celui du début d’année. Ainsi, l’énergie, les métaux industriels, et les denrées agricoles, ont fait l’objet de légères prises de bénéfices en fin de mois, la Chine cherchant à tempérer les spéculations autour des matières premières. Le premier acheteur de matières premières au monde s’inquiète en effet des dérapages de coûts de production pour ses entreprises, mais aussi d’une éventuelle perte de pouvoir d’achat via l’inflation pour sa population. L’or et les métaux précieux, qui avaient baissé en début d’année, ont retrouvé progressivement de l’intérêt aux yeux des investisseurs, mais aussi auprès de certaines Banques centrales qui en achètent de nouveau. Nous restons surpondérés sur les matières premières afin d’accompagner la dynamique du cycle économique en cours.

Les actifs émergents sous-performent ceux des pays développés en 2021. Les difficultés à accéder aux vaccins contre la COVID retardent évidemment le retour à la normale de leurs économies. La remontée des taux d’intérêts depuis un an complique aussi l’accès aux capitaux, et la force relative du Dollar face à ces devises locales n’a fait que renchérir le coût des dettes lorsqu’elles sont libellées en Dollar, comme c’est souvent le cas. Plusieurs pays ont dû faire défaut sur leurs remboursements, et le Club de Paris cherche à alléger ou à aménager leur calendrier. Enfin, le poids de la Chine a aussi pénalisé ces actifs, le pays cherchant notamment à reprendre en main ses multinationales technologiques. Tactiquement, nous surpondérons désormais aussi les émergents dans nos allocations d’actifs, dans la perspective d’un progressif retour à meilleure fortune.