Date de publication : 5 mars 2025

Le mois de février a été caractérisé par des arbitrages et rééquilibrages au sein des actions détenues par les investisseurs internationaux. La surpondération consensuelle en 2024 sur les États-Unis a fait l’objet de prises de bénéfices. Les investisseurs souhaitant toutefois rester investis sur les actions, les capitaux ainsi cédés ont été notamment réalloués vers l’Europe, son momentum s’améliorant avec la perspective d’une fin de conflit en Ukraine et un possible assouplissement budgétaire en Allemagne. Au sein des pays émergents, le rebond des actions chinoises, notamment depuis l’affaire “DeepSeek” dans l’intelligence artificielle, continue de prendre de court les investisseurs bien trop sous-pondérés sur le pays, d’où des flux acheteurs d’actions chinoises pénalisant d’autres pays émergents, tel l’Inde par exemple. Nous conservons notre surpondération sur les actions.

En février, les obligations ont retrouvé un certain intérêt auprès des investisseurs. En premier lieu, les statistiques américaines ont été moins favorables qu’attendu, ce qui a restauré la perspective de possibles baisses des taux par la FED. De plus, les prises de bénéfices sur les actions américaines ont encouragé les investisseurs à placer une partie des capitaux ainsi dégagés sur des obligations : le rendement des obligations à 10 ans américaines avoisine les 4,5% quand celui des dividendes du S&P500 n’est que de 1,5%. Les perspectives de croissance économique restant favorablement orientées, les obligations d’entreprises ont bénéficié elles aussi des flux acheteurs observés sur les obligations des États. Nous restons neutres à l’égard des obligations souveraines, les obligations d’entreprises nous paraissant offrir encore un couple “rendement-risque” plus attrayant.

En ce début d’année, la stratégie consistant à acheter des obligations d’entreprises conserve son attrait. Les Banques centrales ayant encore des politiques monétaires plutôt restrictives, cela laisse espérer des baisses de taux à venir et devrait profiter au cours de bourse de ces obligations. Par ailleurs, les coupons versés par les entreprises sont plus élevés que ceux des États et, tant que le risque de récession reste faible, ce surcroît de performance relative est attrayant pour l’investisseur. Il convient toutefois de noter qu’en février les obligations plus risquées (“High Yield”) ont sous-performé leurs homologues plus solides, signe que les incertitudes dues à D.Trump encouragent à une certaine prudence. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, préférant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

Depuis le début d’année, les fluctuations entre grandes devises restent contenues, à l’exception du Yen japonais qui s’apprécie fortement face aux autres monnaies. Ce mouvement, qui avait débuté durant l’été 2024, s’explique par la volonté de la Banque du Japon de relever ses taux directeurs, quand ses homologues baissent les leurs : certaines institutions financières japonaises rapatrient alors des capitaux placés jusqu’alors sur des obligations étrangères car étant plus rémunératrices que les obligations japonaises. Le Dollar, qui avait été particulièrement recherché suite à l’élection de D.Trump, fait l’objet de prises de bénéfices en ce début d’année. Dans un contexte de potentielle guerre tarifaire, il conviendra d’être particulièrement vigilant quant aux fluctuations des devises, ces dernières pouvant être des instruments pour neutraliser les impacts des tarifs douaniers.

Les matières premières ont fait l’objet de prises de bénéfices fin février. L’or et les métaux précieux approchent des objectifs de cours et seuils psychologiques (3000$ pour l’or) que la plupart des stratèges n’attendaient qu’en fin d’année. Les métaux industriels conservent une dynamique haussière graduelle, les espoirs de relance budgétaire par la Chine jouant en leur faveur actuellement. Les denrées agricoles restent spéculatives et dépendent des aléas climatiques internationaux. Le pétrole et l’énergie peinent à progresser, car les facteurs baissiers de court terme sont nombreux : espoirs de fin de conflit en Ukraine, intensification de l’exploration pétrolière américaine, et excédents de production de l’OPEP+. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, nous maintenons notre surpondération sur cet actif. 

Après de nombreuses années de sous-performance, les actifs des zones émergentes retrouvent une progression en ligne ou supérieure à celle de certains pays développés. Les prises de bénéfices sur le Dollar contribuent en partie à cette meilleure tenue des émergents, mais aussi parce que D.Trump épargne plutôt ces pays lorsque la question des tarifs douaniers intervient. De plus, le réveil des actifs chinois depuis l’affaire “DeepSeek” contribue à porter les actifs émergents, les investisseurs internationaux étant très sous-pondérés sur la Chine et cherchant à revenir vers la zone, d’où des flux acheteurs significatifs. La politique économique à venir de D.Trump étant difficilement prévisible, il nous semble préférable de conserver une exposition neutre aux émergents, ou bien encore d’adopter une exposition indirecte aux émergents via leurs principaux partenaires occidentaux.

Vue des actifs – l’Éclaireur de mars 2025

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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