
Depuis la fin août, la dynamique des indices d’actions internationaux a tendance à s’essouffler, notamment lorsqu’on les ajuste des impacts de devises, la récente force de l’Euro affectant la compétitivité des entreprises de la zone. La résurgence de la crise sanitaire pèse plus spécifiquement sur les actions européennes, accentuant le retard de performance qu’elles avaient déjà accumulé vis-à-vis des autres indices du fait de leurs biais sectoriels (cf. forte représentation des transports, énergie, loisirs…). Même si certains seuils semblent difficiles à franchir à la hausse, les investisseurs semblent plutôt convaincus que les interventions budgétaires et monétaires redonneront à terme une impulsion favorable aux économies et aux résultats des entreprises. Dans l’attente d’une meilleure visibilité sanitaire, nous conservons notre exposition neutre sur les actions.

Un traitement désormais plus différencié intervient entre les dettes souveraines transatlantiques : les obligations de la zone Euro restent très recherchées, alors que celles des États-Unis voient leurs rendement remonter dans le même temps. Au-delà d’une plus grande confiance dans l’unité de l’Union Européenne depuis cet été, il est probable que la résurgence de l’épidémie en Europe incite à des investissements de précaution. Pour ce qui est des États-Unis, la possible élection de J.Biden laisse entrevoir le lancement d’un très vaste programme pluriannuel de soutiens budgétaires nécessitant des émissions obligataires massives par le Trésor américain. La faiblesse persistante des rendements et la perspective d’une possible résolution de la crise sanitaire nous incitent à maintenir notre vue à sous-pondéré sur les obligations d’États.

En dépit d’un contexte sanitaire obscur et des nombreuses incertitudes politiques, la recherche de rendement incite les investisseurs à se porter sur les obligations d’entreprises. En effet, les rendements souverains sont très faibles ou négatifs, et les actions présentent régulièrement une importante volatilité. Aussi longtemps que, par leurs soutiens, les États et les banques centrales permettront aux sociétés de faire face à leurs obligations financières vis-à-vis des créanciers, les dettes d’entreprises seront recherchées. Toutefois, ces soutiens ne pourront durer éternellement, et les entreprises dont les perspectives d’activité sont compromises devront se résoudre aux défauts de paiements, voire à la faillite. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises solides et demeurons provisoirement à l’écart des sociétés fragiles en attendant de retrouver plus de visibilité.

Alors que l’Euro aurait pu être pénalisé par la résurgence des cas de COVID-19, par les débats budgétaires entre États de la zone, ou bien encore par les interminables négociations du Brexit, la devise européenne se maintient finalement solidement face aux principales devises au monde. À l’évidence, les investisseurs ont apprécié la solidarité budgétaire affichée depuis cet été entre les pays de l’Union Européenne. Le Dollar continue ponctuellement de jouer le rôle de devise refuge mais, en tendance, il se déprécie plutôt désormais. L’élection présidentielle pourrait-elle être le déclencheur d’une tendance durable à l’affaiblissement du Dollar, la prochaine Administration américaine pouvant être tentée de doper la compétitivité nationale par ce biais ? En fin d’année, il conviendra de rester vigilant sur les devises car cela affecte fortement les performances des actifs.

En octobre, la plupart des matières premières ont vu leurs cours baisser, les espoirs d’une reprise économique persistante diminuant à mesure que le coronavirus contraint certains pays à des couvre-feux ou bien à des re-confinements partiels. Le pétrole a été pénalisé par la reprise d’exploitation de certains puits en Libye, mais aussi par les difficultés pour l’OPEP et la Russie à s’entendre sur de nouveaux quotas de production. Les métaux industriels bénéficient essentiellement de la reprise économique en Chine, l’Europe et les États-Unis n’ayant pas retrouvé leur pleine activité. Pour ce qui est de l’or et des métaux précieux, ils stagnent ou ne progressent plus que légèrement depuis la rentrée. L’ampleur des soutiens budgétaires et monétaires dans le monde justifient, selon nous, de rester surpondérés actuellement sur les matières premières.

Les obligations des pays émergents ont été logiquement perçues comme un actif refuge lors de cette crise sanitaire. Toutefois, les investisseurs ont progressivement fait la pari de la reprise future, misant sur le rebond des actions. Cette dynamique a été confortée par le repli du Dollar, allégeant le coût d’emprunt des émergents. Sur l’année, les actions émergentes sont repassées en territoire positif et ont rattrapé la performance des obligations. Il faut toutefois préciser que le poids de la Chine (39% de l’indice) et, plus généralement celui de l’Asie, explique l’essentiel de ce rebond. Le fort recul des devises émergentes en 2020 alerte en revanche quant au manque de ressources financières de ces pays pour relancer leurs économies. Malgré des valorisations modérées, la faible visibilité quant aux perspectives des émergents nous incite à sous-pondérer ces zones dans nos allocations.