Date de publication : 11 mars 2025

Investir sur un indice boursier peut sembler être un acte simple, voire anodin, mais il faut en réalité bien comprendre comment ce dernier est calculé car, en fonction de la méthodologie utilisée pour le construire, son potentiel de performance ou de volatilité peut très fortement varier.

Indices pondérés par le prix (Price-Weighted Indices)

Ces indices sont calculés en fonction du prix des diverses actions composant l’indice. La valeur de l’indice boursier est alors égale à la somme des prix des actions le composant. Les actions ayant un cours de bourse très élevé ont alors un poids plus important dans l’indice. Les indicateurs de valorisation fondamentaux (PER, valeur comptable des actifs, etc…) n’ont plus d’importance pour ce type d’indice puisque seul le cours de bourse importe. Par ailleurs, il est facile de gonfler artificiellement un poids boursier, comme par exemple en procédant à un “regroupement d’actions” : au lieu d’avoir une action valant 10 €, on procède par exemple à un regroupement de paquets de 10 actions de façon à ce que chaque nouvelle action vaille désormais 100 € (en divisant évidemment par 10 en parallèle le nombre de titres en circulation !) et, ce faisant, on a fait monter le poids de cette société dans l’indice boursier sans rien changer à ses fondamentaux ou à ses indicateurs de valorisation. La performance et la volatilité de l’indice dépendent largement du comportement de ses principaux poids, et cela sans nécessaire correspondance avec les fondamentaux de l’économie.

  • Exemples : Dow Jones Industrial aux États-Unis, ou bien Nikkei225 au Japon.

Indices pondérés par la capitalisation boursière (Market-Cap Weighted Indices)

Ces indices sont pondérés en fonction de la capitalisation boursière des entreprises. La capitalisation boursière est calculée en multipliant le prix de l’action par le nombre d’actions en circulation. Les entreprises à plus grande capitalisation ont un poids plus important dans l’indice. Cette méthodologie est très couramment utilisée désormais. Une variante de cette méthode de calcul consiste à plafonner néanmoins les poids les plus importants (10% maximum par exemple), de façon à limiter la concentration de l’indice sur quelques sociétés. Le fait de plafonner les poids peut néanmoins ne pas plaire aux sociétés impliquées : le groupe allemand Linde, équivalent de notre Air Liquide français, a par exemple décidé de stopper sa cotation au sein du DAX allemand car ce dernier plafonnait son poids, et le groupe est désormais coté aux États-Unis et ne l’est plus en Allemagne ! La performance et la volatilité de l’indice dépendent largement du comportement de ses principaux poids, avec parfois des biais importants sur certains secteurs.

Exemples : S&P500 ou Nasdaq100 aux États-Unis.

Indices pondérés par le flottant (Free-Float Weighted Indices)

Ces indices sont similaires aux indices pondérés par la capitalisation boursière, mais ils n’incluent que les actions réellement accessibles au public (le flottant), excluant les actions détenues par des initiés, les gouvernements, etc… En effet, certains actionnaires peuvent par exemple décider de se regrouper en un bloc structurant, de façon à prendre en commun certaines décisions de vote et, pour cela, s’interdire de présenter à la bourse les actions correspondant à ces droits de vote … c’est pourquoi il est logique que l’indice tienne compte de ces particularités pour offrir une meilleure représentation des actions de la société réellement accessible aux investisseurs. Cette méthodologie est très couramment utilisée et, là encore, un plafonnement des pondérations est envisageable. La performance et la volatilité de l’indice dépendent largement du comportement de ses principaux poids, avec parfois des biais importants sur certains secteurs.

  • Exemples : MSCI World pour le monde, FTSE100 en Grande-Bretagne, ou bien le CAC40 en France.

Indices équipondérés (Equal-Weighted Indices)

Dans ces indices, chaque action a le même poids, indépendamment de son prix, de sa capitalisation boursière, ou bien encore de son flottant. Cela permet de donner une représentation égale à chaque entreprise dans l’indice. Tout comme dans les indices pondérés par les prix, les indicateurs de valorisation fondamentaux (PER, valeur comptable des actifs, etc…) n’ont plus vraiment d’importance pour ce type d’indice puisque chaque société a au final le même poids dans l’indice. La volatilité de ce type d’indice est généralement moins forte que son équivalent traditionnel puisqu’il n’y a plus de phénomène de concentration sur quelques sociétés, et il convient de noter que les représentations sectorielles peuvent différer très sensiblement de l’indice traditionnel du fait de cette différence de méthodologie. 

  • Exemple : S&P500 Equal Weight aux États-Unis.

Indices sectoriels (Sector Indices)

Ces indices suivent les performances d’actions appartenant à un secteur particulier de l’économie, comme la technologie, la santé, l’énergie, etc… Ils permettent de mesurer la performance d’un secteur spécifique. Les méthodologies précédemment décrites peuvent chacune s’appliquer. La performance et la volatilité de l’indice dépendent évidemment des dynamiques favorables ou défavorables en cours du secteur concerné.

  • Exemples : S&P500 Information Technology aux États-Unis, ou bien l’Euro Stoxx Banks en zone Euro.

Indices géographiques (Geographic Indices)

Ces indices suivent les performances des actions d’une région ou d’un pays spécifique. Ils sont utilisés pour évaluer la performance des marchés boursiers locaux. Les méthodologies précédemment décrites peuvent chacune s’appliquer. La performance et la volatilité de l’indice dépendent évidemment des dynamiques favorables ou défavorables en cours de la zone ou du pays concerné.

  • Exemples : Nikkei225 pour le Japon, ou bien le CAC40 en France.

Indices de style (Style Indices)

Ces indices classent les actions en fonction de leur style d’investissement, comme la croissance (“growth”) ou la valeur (“value”). Ils contribuent à segmenter le marché en différentes stratégies d’investissement plus fines. Les méthodologies précédemment décrites peuvent chacune s’appliquer. La performance et la volatilité de l’indice dépendent évidemment des dynamiques favorables ou défavorables en cours du style en question.

  • Exemple : Russell 1000 Growth aux États-Unis.

Indices de facteurs (Factor Indices)

Ces indices sont construits en fonction de certains facteurs de performance tels que la volatilité, la qualité, le momentum, etc… Ils sont utilisés pour bénéficier de l’impact de ces facteurs spécifiques sur la performance des actions. Les méthodologies précédemment décrites peuvent chacune s’appliquer. La performance et la volatilité de l’indice dépendent évidemment des dynamiques favorables ou défavorables en cours du facteur concerné.

  • Exemple : MSCI Minimum Volatility.

Indices pondérés par les dividendes (Dividend-Weighted Indices)

Ces indices sont pondérés en fonction des dividendes versés par les entreprises. Les sociétés versant des dividendes élevés ont un poids plus important dans l’indice. Les méthodologies précédemment décrites peuvent chacune s’appliquer. Les dividendes sont un facteur souvent recherché assez structurellement par les investisseurs, c’est pourquoi la volatilité de ces indices est souvent faible, les investisseurs conservant ces positions sur la durée. En revanche, la performance peut décevoir si les sociétés au sein de l’indice ne sont que des “vaches à lait” en perte de croissance, et dont le cours de bourse est alors peu performant.

  • Exemple : S&P 500 Dividend Aristocrats.

Indices socialement responsables (ESG Indices)

Ces indices intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour sélectionner les entreprises. Ils sont utilisés pour investir dans des sociétés responsables sur le plan social et environnemental. La performance et la volatilité de l’indice dépendent évidemment des dynamiques favorables ou défavorables en cours de la thématique du socialement responsable et des sous-secteurs concernés.

  • Exemples : MSCI KLD 400 Social, FTSE4Good.

Conclusion

Les indices boursiers offrent une grande variété de méthodologies pour mesurer les performances des marchés financiers. Chaque type d’indice répond donc à des besoins spécifiques des investisseurs, qu’il s’agisse de suivre les performances générales du marché, d’analyser des secteurs spécifiques ou d’adopter des stratégies d’investissement particulières. Plus l’indice comporte un grand nombre de sociétés, mieux il sera diversifié, ce qui sera un facteur généralement favorable pour atténuer sa volatilité. Tous ces types d’indices peuvent évidemment être complémentaires les uns avec les autres au sein d’une allocation d’actifs, l’important étant de bien comprendre au préalable leurs forces et leurs faiblesses respectives.

Indices boursiers … les méthodes de calcul influencent vos investissements !

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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