Date de publication : 1 juillet 2025

En juin, les marchés d’actions sont restés résilients en dépit du conflit entre Israël et l’Iran. Cette sérénité apparente s’explique par le fait que les infrastructures énergétiques du golfe, tout comme la circulation des tankers, n’aient été que peu affectées par le conflit. Dès lors, les investisseurs ont considéré que le risque de pénurie de pétrole ou de gaz restait modéré, même si les prix de ces ressources ont été renchéris par l’envol des primes d’assurance. Les publications de résultats trimestriels des entreprises ont par ailleurs plutôt surpris favorablement. En juillet, le débat budgétaire américain et les négociations commerciales internationales seront au cœur de l’attention des investisseurs. Nous conservons notre surpondération sur les actions car des baisses de fiscalité sur les entreprises et ménages restent à venir aux États-Unis.

En juin, le marché obligataire a retrouvé une dynamique haussière. Le conflit entre Israël et l’Iran a logiquement encouragé les investisseurs à prendre quelques bénéfices sur les actions, et à se repositionner sur les obligations souveraines, ces dernières étant considérées comme un actif “refuge” dans ce type de circonstances. De plus, les rendements des obligations souveraines restent élevés aux États-Unis, la FED ayant renoncé à baisser ses taux directeurs et conservant un discours plutôt méfiant à l’égard du risque d’inflation. Nous restons neutres à l’égard des obligations souveraines, dans la mesure où les États devraient émettre beaucoup d’obligations pour financer leurs déficits budgétaires récurrents dus aux dépenses de souveraineté : les obligations d’entreprises nous paraissent offrir un couple “rendement-risque” plus attrayant.

En juin, la performance des obligations d’entreprises a été favorablement orientée. En premier lieu, le conflit entre Israël et l’Iran a encouragé les investisseurs à arbitrer une fraction de leurs expositions aux actions en faveur des obligations, de façon à réduire le risque de leurs portefeuilles, sans pour autant sortir complètement des marchés financiers. Par ailleurs, les coupons versés par les entreprises restent attrayants par rapport à ceux des États, puisque les déficits contractés par les États soutiennent en fin de compte la croissance économique, et réduisent donc le risque de défaut de paiement potentiel sur les obligations d’entreprises. Le contexte restant celui de soutiens persistants budgétaires et monétaires, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, préférant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

En juin, l’Euro a repris sa graduelle appréciation face à la plupart des grandes devises internationales. Le conflit entre Israël et l’Iran n’aura provoqué que très fugitivement un réflexe acheteur de Dollar : la rapide désescalade entre les deux belligérants à la suite des frappes américaines a mis un terme au rebond du billet vert. Le Franc suisse n’a, exceptionnellement, pas servi de refuge dans ce contexte géopolitique tendu car la Banque centrale Suisse a ramené ses taux directeurs à 0% pour justement limiter l’attrait de la devise du pays. Le Yen japonais continue d’osciller au gré des déclarations fluctuantes de la Banque du Japon sur le calendrier de sa future hausse de taux directeurs. Dans l’actuel contexte de guerre tarifaire, il convient d’être très vigilant quant aux fluctuations des devises, ces dernières pouvant affecter fortement les performances des actifs en bourse.

Les matières premières ont affiché une petite progression en juin, en dépit d’une forte volatilité. Le conflit entre Israël et l’Iran a logiquement provoqué des craintes de la part des industriels et des investisseurs quant aux possibles interruptions de flux pétroliers et gaziers au travers du détroit d’Ormuz. Les deux belligérants ont toutefois veillé à ne pas perturber ces flux énergétiques, de façon à éviter une escalade internationale du conflit : le risque de pénurie est donc resté contenu. La rapide désescalade de cette guerre a effacé les forts gains fugitivement engrangés par les prix pétroliers. L’or et les métaux précieux ont servi de refuge pour les investisseurs. Les signaux de détente commerciale entre la Chine et les États-Unis ont profité aux métaux industriels. Nous maintenons à ce stade notre surpondération sur cette classe d’actifs.

Après de nombreuses années de sous-performance, les actifs émergents sont la bonne surprise du premier semestre. La première explication tient au fort recul du Dollar, allégeant le coût de la dette de ces pays. De plus, les investisseurs s’inquiétant de la “gouvernance” américaine, la diversification géographique des allocations s’est imposée, et les émergents en profitent. Il convient de souligner aussi l’importance de la Chine au sein de ces actifs, pays retrouvant les faveurs des investisseurs : une sous-pondération trop forte, une valorisation très basse, la redécouverte des atouts technologiques du pays depuis l’émergence de DeepSeek dans l’intelligence artificielle, des soutiens monétaires et budgétaires appuyés, etc… La politique économique à venir de D.Trump restant difficilement prévisible, il nous semble préférable de conserver une exposition neutre aux émergents.

Vue des actifs – l’Éclaireur juillet 2025

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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