
Les performances des actions sont très fluctuantes, oscillant notamment au gré des anticipations de croissance et d’inflation à venir. L’hiver clément, favorable à la modération des prix énergétiques, et la réouverture sanitaire chinoise, laissaient espérer une croissance économique modeste, mais positive. La crise de liquidités rencontrée en mars par diverses banques fait en revanche craindre une contraction à venir des crédits accordés aux ménages et aux entreprises, donc une moindre croissance potentielle. À ce stade, les investisseurs trouvent encore un avantage à cet événement : la politique monétaire pourrait être plus vite assouplie. Les valeurs de croissance profitent le plus de cette inflexion des anticipations. Parce que nous restons constructifs quant aux perspectives d’investissement des États et des entreprises, nous maintenons notre surpondération sur les actions.

La principale caractéristique des obligations en ce début d’année est qu’elles restent affectées par une volatilité considérable. Cette inconstance de direction, malgré deux années déjà difficiles, montre à quel point les investisseurs sont encore partagés quant aux perspectives de politiques monétaires à venir. Le consensus est en effet très fluctuant sur le potentiel de croissance économique à venir, mais plus encore sur le rythme de déclin envisageable pour l’inflation, d’où une très grande nervosité des obligations lorsque certains indicateurs se modifient. Le choc bancaire en mars a restauré provisoirement de l’attrait pour les obligations des États. Parce que nous craignons une vague importante de levée de capitaux par les États, nous maintenons une allocation neutre sur cette classe d’actif, privilégiant plutôt les rendements plus élevés des obligations d’entreprises.

Depuis le début d’année, la différence de rendement entre les obligations d’entreprises solides (i.e. Investment Grade) ou fragiles (i.e. High Yield) est très fluctuante. Lorsque les investisseurs ont des hypothèses de renforcement à venir de la croissance économique, cela sous-entend aussi que le risque de défaut de paiement futur pourrait diminuer, profitant alors plutôt aux obligations des entreprises les plus fragiles. À l’inverse, le choc bancaire récent fait craindre pour ces entreprises des difficultés de financement ou refinancements à venir, que ce soit auprès de leurs banquiers ou des marchés financiers, c’est pourquoi il leur est nécessaire d’offrir des rendements de nouveau très élevés pour attirer les investisseurs. Le couple rendement-risque nous semble justifier de rester surpondérés actuellement sur les obligations d’entreprises, en privilégiant les entreprises solides.

Les fluctuations de l’Euro-Dollar restent erratiques, notamment au gré des anticipations d’inflation transatlantique et des spéculations quant aux politiques monétaires respectives de la FED et de la BCE. La crise bancaire a fugitivement provoqué un réflexe de repli défensif des investisseurs internationaux vers le Dollar, mais ce mouvement s’est vite interrompu. En effet, la lutte contre l’inflation est plus avancée aux Etats-Unis et, parce que le risque bancaire y est moins surveillé par les autorités qu’en zone Euro, il est alors probable que la FED soit plus proche que la BCE de la fin des hausses de taux directeurs : ceci devrait profiter en relatif à l’Euro. Le Franc suisse n’a pas profité de l’effet refuge habituel car le Crédit Suisse était dans la tourmente. Pour les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant aux devises, car cela impacte fortement les performances.

Depuis le début d’année, les fluctuations restent très fortes sur les matières premières énergétiques, mais c’est la baisse qui domine à ce stade. L’hiver clément, le statu quo de l’OPEP, et une dynamique de croissance mondiale modeste expliquent ce repli. Les métaux industriels voient leurs cours se tasser de nouveau, les espoirs d’une forte accélération économique chinoise se faisant attendre sur le plan manufacturier. Les prix des denrées alimentaires sont surveillés de près car ils contribuent fortement à l’actuelle inflation, notamment parce que les industriels ont étalé dans le temps leurs hausses de prix. L’or et les métaux précieux profitent pour leur part de la crise bancaire et du repli du Dollar. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

La performance des actions des pays émergents reste très versatile en ce début d’année : d’abord tirée par la réouverture sanitaire chinoise, elle s’est ensuite effritée avec la hausse du Dollar, le point bas touché en mars s’expliquant comme ailleurs dans le monde par la crise bancaire. Les obligations émergentes sont plutôt moins instables que leurs homologues des pays développés, mais on constate toutefois une forte corrélation entre leurs évolutions boursières et la dynamique des devises émergentes face au Dollar. Parce que la crise bancaire pourrait compliquer l’accès aux capitaux des emprunteurs des pays émergents, que ce soit via les banques ou au travers des marchés financiers, il semble prématuré d’envisager une surexposition significative : nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition indirecte aux émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.