Date de publication : 5 juin 2025

En mai, les marchés d’actions ont fortement progressé, dépassant les niveaux du “Liberation Day” douanier de D.Trump. La première explication à cette hausse est la désescalade commerciale entre les États-Unis et la Chine, leurs droits de douane réciproques ayant été fortement abaissés, et une trêve de 3 mois ayant été établie pour négocier un accord commercial durable. Par ailleurs, les résultats des entreprises ont surpris favorablement, beaucoup de sociétés ayant bénéficié d’un surcroît d’activité lié aux commandes des ménages et entreprises cherchant à devancer les relèvements de droits de douane américains. Les statistiques économiques ont, elles aussi, été plutôt résilientes. Nous conservons notre surpondération sur les actions car, au-delà de la désescalade commerciale en cours, les baisses de fiscalité sur les entreprises et ménages restent à venir.

En mai, le marché obligataire est resté agité. Les investisseurs restent prudents vis-à-vis des obligations américaines car le budget soumis au Congrès par l’Administration Trump devrait entraîner un nouveau dérapage significatif des finances du pays et donc de la dette. De plus, les économies réalisées par le DOGE, ou encore le recul sur le plan commercial, laissent entendre que les recettes fiscales ne seront pas aussi importantes qu’espéré initialement. La FED, craignant une poussée d’inflation, a par ailleurs laissé ses taux directeurs inchangés, contribuant à maintenir les rendements obligataires américains élevés. La BCE a pour sa part baissé ses taux, ce qui a profité en relatif aux obligations européennes. Nous restons neutres à l’égard des obligations souveraines, les obligations d’entreprises nous paraissant offrir encore un couple “rendement-risque” plus attrayant.

En mai, la performance des obligations a été dispersée entre souverain et entreprises. Les obligations souveraines ont été sous pression, notamment sur les échéances les plus éloignées, et plus particulièrement aux États-Unis, les investisseurs s’inquiétant des impacts de long terme du dérapage budgétaire pour la dette du pays. En revanche, le recul américain sur les tarifs douaniers, tout comme la perspective de bénéficier de baisses d’impôts sur les sociétés aux États-Unis, ont été un soutien pour les obligations des entreprises : leurs perspectives d’activité sont plus favorablement orientées, tout comme leur trésorerie. Dès lors, le risque de défaut de paiement par les émetteurs de ces obligations d’entreprises diminue. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, préférant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

En mai, le recul partiel des États-Unis quant aux tarifs douaniers a permis au Dollar de se redresser temporairement face aux autres devises. De plus, la FED craignant une résurgence de l’inflation, elle a laissé ses taux inchangés, ce qui était plutôt un facteur de soutien au Dollar. Pour autant, le Dollar a repris sa dynamique baissière en fin de mois. Ce repli s’explique probablement par les difficultés de l’Administration à faire passer auprès du Congrès américain son projet de loi budgétaire, ce dernier accroissant la dette future du pays. De plus, les investisseurs internationaux se méfient du billet vert puisque D.Trump pourrait vouloir en faire un instrument de reconquête industrielle au travers d’une dévaluation. Dans ce contexte de guerre tarifaire, il convient d’être très vigilant quant aux fluctuations des devises, ces dernières pouvant affecter fortement les performances des actifs en bourse.

Les matières premières ont affiché des performances dispersées en mai. Le recul de l’Administration Trump quant aux tarifs douaniers appliqués au reste du monde, notamment ceux à l’égard de la Chine, a amélioré les perspectives de croissance économique à venir. En conséquence, le pétrole et les métaux industriels ont retrouvé une dynamique un peu plus favorable, les métaux industriels repassant même positifs sur l’année. Pour ce qui est du pétrole, les divergences stratégiques entre pays de l’OPEP continuent de peser sur les prix. Les denrées agricoles ont vu leurs prix reculer, notamment du fait d’une météo plus clémente dans le monde. L’or et les métaux précieux ont fluctué en symétrie du Dollar : un recul en début de mois, puis un retour vers les niveaux du mois précédent. Nous maintenons à ce stade notre surpondération sur cette classe d’actifs.

En dépit du protectionnisme tarifaire américain et du risque que cela fait peser sur la croissance économique mondiale, les actifs émergents affichent une année positive. La première explication à cette situation est le fort recul du Dollar face à beaucoup de devises émergentes depuis le début d’année : le coût d’emprunt pour ces pays ou pour leurs entreprises s’en trouve mécaniquement allégé. Par ailleurs, la Chine a retrouvé les faveurs de certains investisseurs internationaux, d’abord par le réveil brutal de sa cote technologique (cf. DeepSeek notamment), puis par diverses mesures budgétaires ou monétaires permettant de compenser les tarifs douaniers américains. La politique économique à venir de D.Trump restant difficilement prévisible, il nous semble préférable de conserver une exposition neutre aux émergents.

Vue des actifs – l’Éclaireur juin 2025

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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